Par Prince Joël Tchassom

Observateur engagé de la gouvernance locale

Objecteur de conscience.

Cela fait maintenant plus d’un an que les quartiers de Fapsô’, Bakoye et Djesaa, situés dans la commune de Banka, sont plongés dans une obscurité dramatique. Pourtant, chaque ménage concerné a versé 42 000 FCFA à la mairie, censés financer un projet d’extension de réseau électrique triphasé. Que s’est-il passé ? Tout simplement une fraude organisée, vraisemblablement couverte par l’autorité communale elle-même.

Une collecte douteuse, une gestion opaque

La mairie de Banka, par l’intermédiaire de son maire, a initié une campagne de collecte directe auprès des ménages. Cette collecte s’est faite sans document contractuel clair, ni arrêté communal officiel publié. L’argent perçu – estimé à plus de 2,5 millions de FCFA pour Fapsô’ seulement – aurait été remis en mains propres à un agent communal (Papa Antoine), sans aucune traçabilité bancaire ni transparence.

Plus grave encore, aucune trace de ce projet n’existe dans le budget primitif ou supplémentaire de la commune. Cette absence de régularité budgétaire est un signal d’alarme majeur, suggérant une tentative délibérée de contourner les procédures financières établies et de masquer l’opération.

Violation flagrante du Code des Marchés Publics

Au lieu de lancer un appel d’offres réglementaire, comme l’exige le Code des Marchés Publics camerounais, le maire aurait préféré un “contrat de gré à gré de fait”. Ce contrat aurait été attribué à une entreprise inconnue et non homologuée, opérant sans aucune supervision technique d’Eneo (la société nationale d’électricité). Le résultat est catastrophique : transformateurs mal posés, lignes surchargées, pression instable, équipements grillés et des pertes économiques considérables pour les habitants.

Le Code des Marchés Publics au Cameroun insiste sur la concurrence équitable, les contrôles a priori et a posteriori, ainsi que l’affichage public des résultats. Rien de tout cela n’a été respecté ici, ce qui indique un mépris flagrant des règles visant à assurer la transparence et à prévenir la corruption dans les contrats publics. De telles pratiques compromettent la bonne gouvernance et conduisent, comme c’est le cas ici, à des infrastructures de mauvaise qualité.

Violation du Code Général des Collectivités Territoriales Décentralisées (CTD)

L’article 8 de la loi n°2019/024 sur les Collectivités Territoriales Décentralisées stipule clairement que les communes sont responsables de la gestion des infrastructures sociales de base. Or, dans cette affaire, la commune semble s’être transformée en prédatrice, substituant sa mission de service public par ce qui s’apparente à une extorsion organisée. Il n’y a eu aucune redevabilité, aucune communication officielle et aucun rapport publié concernant l’utilisation de ces fonds collectés ou l’avancement du projet. Ce silence de l’autorité communale, associé à l’opacité, ne fait qu’accroître la méfiance du public.

Le délit de fuite du maire : un silence criminel

Face aux multiples interpellations, descentes populaires et appels citoyens, le maire reste muré dans un silence coupable, un silence qui pourrait être interprété comme une forme de complicité. Pire encore, il est accusé de s’entourer de complices qui bloquent les initiatives de grève ou de médiation, et utilisent le clientélisme pour diviser la population. Cette tactique présumée de division et d’obstruction entrave davantage toute tentative de résolution ou de justice pour les communautés affectées.

Un ras-le-bol généralisé

La colère gronde à Fapsô’, Bakoye et Djesaa. Les populations, escroquées, humiliées et privées d’électricité, envisagent des actions plus radicales. Les centaines de milliers de francs CFA collectés sans aucun résultat concret représentent non seulement une perte financière, mais aussi une insulte profonde à la démocratie locale et à l’esprit même de la décentralisation, qui vise à donner plus de pouvoir aux communautés locales.

Exigences légitimes du peuple

Les communautés affectées ne demandent pas la charité ; elles exigent justice. Leurs demandes légitimes incluent :

Le remboursement intégral des populations lésées.

Un audit externe sur les fonds collectés afin de déterminer leur emplacement précis et leur utilisation.

Le changement immédiat des transformateurs défectueux et une installation conforme du réseau électrique.

La traduction du maire et de ses complices devant le Conseil de Discipline Budgétaire et Financière (CDBF), un organe relevant du CONSUPE (Contrôle Supérieur de l’État), chargé de la supervision des fonds publics et de la sanction des fautes de gestion financière.

La saisine du Préfet, du Ministre de la Décentralisation et du CONSUPE pour une intervention rapide.

Fapsô’, Bakoye et Djesaa exigent que la lumière soit faite, pas seulement sur leurs poteaux, mais aussi sur la vérité.

Quelle action pensez-vous être la plus efficace pour les habitants de Fapsô’, Bakoye et Djesaa afin que leurs demandes soient satisfaites ?